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Le premier mot qui me viendrait à l’esprit au terme de cette lecture serait : ironie. 

Barjavel est ironique, on a presque l’impression qu’il prend plaisir à l’être et ce serait presque drôle si l’histoire n’était pas si tragique. 

En 2052, une panne d’électricité plonge le monde dans le noir. Ce n’est alors là que le début d’une vaste catastrophe. L’humanité complètement dépendante du courant est confrontée à des difficultés inimaginables.

C’est ce que j’apprécie dans les récits d’anticipation, c’est la manière dont ils ont de nous confronter à notre propre réalité et à nos propres modes de vie. Ça effraie, ça inquiète mais c’est passionnant.

Le deuxième mot qui pourrait décrire mon ressenti est : hyperbole.

Barjavel développe sa démarche, son intrigue comme s’il finissait par la regarder de loin, comme s’il observait ses personnages se confronter aux difficultés qui les assaillent comme un scientifique pourrait le faire au cours d’une expérience. Il fait de son monde un chaos inexprimable ; il pousse la société et les personnes qui la peuple dans leurs retranchements sans pitié ni compassion et à une vitesse impressionnante. Cela rythme franchement la lecture ; on traverse le roman avec une envie farouche d’en atteindre le bout. 

Le contraste établi entre le début et la fin du livre est saisissant et nous fait ressentir comme une nostalgie au fur et à mesure de la lecture, la nostalgie d’un bonheur finalement tellement éphémère …

Le roman de Barjavel résonne comme un avertissement ; il nous invite à faire attention, à s’interroger sur nos modes de vie et de consommation et il montre surtout que ce que l’on risque en cas de catastrophe de ce type ce n’est pas la famine ou le manque d’eau mais c’est l’Autre. L’Autre et sa peur, sa faim, sa misère et donc sa violence. Cet autre peut cependant aussi devenir guide, allié, soutien. 

Un roman édifiant, qui bouscule et interroge sur l’humanité et les êtres qui la composent pour le meilleur comme pour le pire.