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J’avais lu ce livre il y a quelques années et j’avais vraiment beaucoup aimé. J’apprécie Jules Verne et son tour du monde en 80 jours que j’ai lu trois fois. C’est donc avec un réel plaisir que je me replonge dans l’aventure de l’ingénieur Cyrus Smith et de ses acolytes.

L’île Lincoln est fascinante tout comme l’histoire de ces quelques hommes qui vont devoir survivre sur une île déserte après un accident de montgolfière. On peut reprocher cependant à Jules Verne de faciliter un peu trop la débrouillardise de ses personnages. L’ingéniosité de Smith – homme fort sage au demeurant – nous donne l’impression parfois d’avoir affaire à un Mc Gyver qui trouve (trop ?) facilement réponse à tout. Les épreuves ne sont prétexte finalement qu’à nous donner des cours de sciences naturelles comme Jules Verne apprécie le faire. Malgré tout on se laisse emmener dans l’histoire qui prend les traits d’une réelle aventure si bien que les 800 pages du livre ne semblent finalement pas si impressionnantes.

Ce mythe de l’île déserte n’a pas fini de nous faire rêver, de nous interroger sur la survie de l’homme en milieu hostile. J’avais déjà abordé cette thématique au cours de la lecture du Royaume de Kensuké de Morpurgo. Ici Jules Verne n’aborde pas la solitude comme Defoe le fait avec son Robinson ou encore de façon plus radicale Robert Zemeckis dans Seul au monde.

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Les hommes étant en groupe peuvent s’appuyer les uns sur les autres, la thématique de la solitude est donc moins présente dans l’ouvrage de Verne que dans les autres oeuvres évoquées plus haut. En revanche la survie est omni-présente, il faut se nourrir, s’abriter, se chauffer, s’habiller, les personnages ici sont dépourvu de matériel à l’inverse de Chuck Nolan dans Seul au monde qui peut se servir dans les colis tombés de son avion au cours du crash.

Ici, le groupe que nous propose Jules Verne est profondément utopique. Les rôles de chacun sont tellement bien établis et ce, de manière incontestable, que cela nous donne à voir une société parfaite dans laquelle aucun éclatement ne pourrait survenir. Quand on y pense … C’est un peu déroutant.

Le récit de Jules Verne ne vieillit pas énormément – excepté la description de l’appareil photo qui provoque comme une bulle temporel dans le roman – le reste ne décline pas trop justement car l’isolement et la survie sur une île déserte se passe de technologie et en cela le mythe reste et restera éternel, c’est ce qui le rend immortel et c’est ce qui permet aussi de rendre L’île mystérieuse toujours actuelle.

C’est dans ce type de récit aussi que l’on voit mit en scène un poncif largement et de nombreuses fois utilisé : le jet d’une bouteille à la mer. Ce geste vain illustre à la fois un déterminisme absolu à retrouver les siens mais aussi un geste ultime comme “une dernière chance” que l’on fait dans une situation de détresse extrême. Cette suprême action est encore réalisée aujourd’hui par des enfants ou des adultes à travers le monde, à la recherche de rêve et d’évasion en se disant qu’un jour, quelque part, à l’autre bout du monde, quelqu’un pourrait répondre, sans l’emploi ni d’internet, ni de téléphone portable, un véritable retour aux sources en somme … ! J’aime cette image de la bouteille voguant seule au milieu de l’océan, laissée au hasard le plus évident, renfermant les profonds espoirs d’un homme en perdition … ou pas …

D’ailleurs, tous ces récits retraçant Le Mythe ne mettent en scène que des hommes, c’est le cas également pour Jules Verne qui dans l’île mystérieuse lie habilement les talents des uns et des autres pour aménager la survie des colons mais ne met – lui non plus – pas en scène de femmes. Charge à nous – à notre tour – de nous lancer dans l’écriture du naufrage d’une héroïne et de prolonger ainsi le mythe.

Enfin, l’aspect fantastique et surnaturel qui parsème l’ouvrage nous incite à poursuivre la lecture. Mais que se passe-t-il ? Pourquoi tant de choses inexplicables ? Qui est l’auteur de tous ces phénomènes ? Il faut alors finir le livre pour le comprendre. En ce sens, la fin m’a beaucoup plu.

Un roman d’aventures que je vous encourage à découvrir !

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Les gravures qui parsèment l’ouvrage enrichissent habilement la lecture