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Un classique c’est une œuvre – ou une série d’oeuvres – qui a marqué l’histoire littéraire par son impact, sa singularité, son esthétique, sa densité ou encore son audace et bien plus encore, et parfois tout ça à la fois. C’est une oeuvre qui est un peu une référence, qui est un repère dans l’histoire littéraire. C’est aussi une œuvre qui a passé les siècles et dont l’auteur est devenu un pilier de la culture.

Au regard de toutes ces caractéristiques, un classique est enfin une oeuvre qui est donc étudiée dans les classes, lue et analysée à l’école, au collège, au lycée, à l’université qui est une référence culturelle et qui fait partie du patrimoine et donc des programmes scolaires. C’est en cela que ces ouvrages ont justement la réputation d’être rébarbatifs, fastidieux, difficiles et pourtant !

Pourquoi est-ce que certains prennent alors autant de plaisir à se plonger dans de tels ouvrages ?

Tout d’abord, les classiques sont incroyablement intemporels. Dans une œuvre classique il y a très souvent quelque chose qui éclaire le présent et c’est ce qui explique en partie la légitimité qu’elles ont encore. Victor Hugo dénonce la misère dans Les misérables, Voltaire critique les puissants dans L’ingénu, évoque clairement le végétalisme dans La princesse de Babylone, La Fontaine nous laisse toujours quelque chose à penser dans ses fables, elles ont encore du sens sur l’apprentissage de la sagesse, l’anticipation des difficultés à venir, le piège de l’oisiveté, la critique des puissants et de la nature humaine … Il y a aujourd’hui des échos à la tragédie grecque dans GOT, des échos à la légende Arthurienne dans Le seigneur des Anneaux, certains ouvrages célèbres inspirent même la publicité et le marketing ! Tout cela indique que ces œuvres font l’histoire, notre histoire et notre culture et qu’elles ont, en ce sens, toute leur place dans nos vies.

Un autre point sur lequel j’aimerais m’attarder dans ce domaine c’est l’écriture. Les classiques proposent pour la plupart un style, un vocabulaire, une syntaxe pas toujours facile à aborder mais tellement remarquable mettant à l’honneur la langue française dans ce qu’elle a de plus élégant.

Les descriptions réputées longues et fastidieuses peuvent se révéler être de véritables oeuvres d’art.

Je garde un souvenir ému de ma première lecture de la scène du puits dans Les misérables, le moment où la petite Cosette, seule dans le bois, rencontre pour la première fois Jean Valjean dans l’obscurité. Aussi, les descriptions d’Emile Zola et en l’occurence celle de la mine qui avale les hommes tel un monstre dans Germinal vous collent au fauteuil … Alexandre Dumas nous propose l’une des plus belles évasions de prison dans Le comte de Monte Cristo. Mes exemples sont issus – vous l’avez remarqué – du XIXè siècle et en l’occurence des œuvres réalistes et naturalistes car ce mouvement s’attarde justement sur l’observation du monde comme support de la création et du travail du romancier et c’est ce qui leur donne toute leur sève.

J’aime beaucoup la description quand elle embellit l’intrigue, la complète, complète le cadre, apporte de la justesse, donne à voir la scène, nous transmet des émotions et ce, dans les oeuvres du XIX comme dans les autres. C’est ce qui fait de la lecture un exercice aussi singulier et – pour moi – irremplaçable.

Enfin, la dernière remarque que je souhaite noter c’est le nombre d’ouvrages qui s’ouvre soudain à nous une fois comme l’on prend goût aux classiques.

Quelque soit votre genre de prédilection, il est aisé de constater à quel point un livre en appelle un autre, et dans les classiques, on se rend très vite compte que le nombre d’ouvrages à découvrir est pantagruélique. Quelques soient nos goûts, on peut très vite trouver de quoi se satisfaire : partir à l’aventure avec Jules Verne, réfléchir sur la société avec Voltaire, se lancer dans la lecture intime – tel un personnage indiscret – de lettres échangées entre libertins avec Les liaisons dangereuses de Laclos (célèbre ouvrage qui existe en manga désormais !), prendre pitié pour Gervaise dans L’assommoir de Zola, faire la connaissance du roi Arthur dans les œuvres de Chrétien de Troyes, rire avec Feydeau, profiter d’un peu de poésie avec Verlaine ou Baudelaire … Et si on commence à s’intéresser à l’Antiquité, à Ovide et à Homère entre autre, le choix devient presque infini.

Les classiques s’adressent donc à tous. Il est cependant bien évident que si vous n’avez pas l’habitude de vous confronter à de tels ouvrages, cet article pourrait vous sembler inopportun, laissez-moi alors vous proposer quelques œuvres plutôt faciles d’accès, que j’ai particulièrement aimées et que vous pourriez apprécier à votre tour et surtout à votre grande surprise >

Au plaisir de vous lire !