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C’est toujours pareil quand je m’apprête à parler de Victor Hugo, j’ai l’impression d’être maladroite, de dire ce que tout le monde sait déjà, de survoler considérablement les textes dont je m’apprête à parler … (Bon, ça ce n’est pas seulement avec Victor …)

Soit.

J’essaie quand même … J’implore donc votre indulgence.

J’ai relu Les misérables.

Il s’agit là d’une œuvre riche, dense, longue que j’ai eu l’occasion de relire pour la première fois en édition abrégée. J’ai été un peu frustrée de ne pas retrouver toute la densité de l’œuvre intégrale, j’ai cependant renoué avec beaucoup de plaisir la trame et les principaux épisodes de l’ouvrage publié par Victor Hugo en 1862.

Les Misérables propose un savant équilibre entre la description, l’Histoire, le portrait de personnages efficaces aux destins singuliers auxquels on s’attache. C’est en partie l’objectif de Victor Hugo de nous donner à voir des destins, des vies … Il tire tout cela avec de grosses ficelles qui se jouent de la cohérence. En effet, les personnages que l’on croise au début, on se surprend à les retrouver à la fin en en rencontrant d’autres de manière improbable …

Ces personnages sont au service des messages que porte Victor Hugo ; le délit commis par la faim, la résilience qui en découle, la misère du peuple, l’opportunisme éhonté de ceux qui profitent du malheur des autres, toutes ces caractérisations à gros traits donnent l’occasion à l’auteur de nous servir un ouvrage foncièrement engagé au service de l’être humain.

Victor Hugo maîtrise son histoire, il parvient à tenir le lecteur en haleine, à le toucher (les actes des Thénardier sont bouleversants) il parvient à nous faire ressentir du soulagement, de la torpeur, de l’émotion, de l’engagement, de la colère aussi … Son travail est extrêmement bien rythmé et visuellement très efficace, ses descriptions nous prennent tout l’esprit de part le réalisme qu’elles dégagent.

Et c’est ce qui rend sans doute cette œuvre aussi moderne finalement. Fantine vendant sa vertu pour survivre, Cosette esseulée et maltraitée, Jean Valjean menant son combat pour la liberté – la sienne et celle des autres – l’opportunisme des Thénardier sont des problématiques contemporaines qui parlent encore tellement aux lecteurs que nous sommes aujourd’hui.

Je pense que c’est pour cela qu’il convient plus que jamais de lire et d’étudier les Misérables pour faire la connaissance de ces êtres profondément humains victimes « d’une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers »

« Tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »