Le monde d’hier, Stefan Sweig

Cet ouvrage n’est ni un roman, ni une autobiographie, c’est un document !
Un document historique précieux qui relate à travers la vie de son protagoniste une partie de l’Histoire du monde.

Stefan Zweig observe la guerre et en livre un point du vue édifiant. La somptueuse description extrêmement réaliste de la plage de vacanciers qui se vide au fur et à mesure que les journaux annoncent jour après jour la montée intestine du conflit mondial de 14-18, puis le retour en train jusqu’en Autriche sous les yeux des militaires allemands qui prennent peu à peu possession des gares est sidérante de clarté et provoque la stupeur.

Zweig, véritable artiste, évoque la littérature et l’écriture comme outils de résistance au point de s’attirer les foudres de plus patriotes de ses amis. Il assiste à la censure de toutes ses œuvres au fur et à mesure de la montée du nazisme. Il évoque aussi sa relation avec Rilke, Romain Rolland et puis Freud absolument passionnantes livrant même ici et là quelques conseils d’écriture aux jeunes auteurs.

Certains passages peuvent sembler bavards ou fastidieux en fonction de ce à quoi on s’attache dans l’œuvre. Seulement, pléthore de qualités rattrapent ses impressions d’ennui passager.
C’est justement tout ce qui fait la richesse et la densité du Monde d’hier c’est l’exhaustivité avec laquelle Zweig pose son regard sur l’ensemble de ce qui a constitué sa vie.

Il expose un véritable plaidoyer pour la tolérance, pour l’Europe, pour la paix. Il exprime sa douleur de devoir renoncer à sa patrie d’origine pour rester en vie et fuir de pays en pays. Tous ces épisodes de cette vie nous incitent à garder à l’esprit les grands événements du siècle dernier pour à tout prix ne plus avoir à les revivre.

Le monde d’hier est une œuvre entière, complète, saisissante d’objectivité et de justesse.