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Le métier d’enseignant est un métier que j’ai choisi.

J’aime la littérature, j’aime transmettre ; ça s’imposait à moi, c’était une évidence.

J’ai pris énormément de plaisir à préparer le CAPES.

J’éprouve un réel bonheur à me confronter à l’agrégation.

J’aime passionnément le contact avec les élèves. J’aime les faire écrire, les faire lire, leur lire des textes que j’aime passionnément, qui me font vibrer. Interagir avec toute cette jeunesse me procure de la joie. J’aime les voir comprendre, prendre du plaisir à apprendre, réussir.

J’aime les élèves.

Tous les ans, je rencontre dans ce métier des gens formidables, humains, créatifs, ingénieux, sérieux, investis, travailleurs, attachants.

J’aime mes collègues.

Je suis prof mais je suis désormais aussi maman. Et je dois aujourd’hui jongler avec des responsabilités qui sont aussi importantes les unes que les autres. Faire réussir des lycéens au bac, des collégiens au brevet, rassurer les élèves parfois en difficulté, les soutenir, les évaluer et être disponible pour deux jeunes enfants (les miens) qui me sollicitent en permanence.

La situation est d’autant plus tendue quand l’un de ces deux petits êtres peut avoir, particulièrement, besoin de sa maman à tout moment. Après tout, c’est le propre de tous parents.

« Madame !? votre petit est apathique, il montre des signes de lutte, on ne sait plus quoi faire.
-…
-Il faudrait venir le chercher.
-…
-…
-Vous croyez qu’il a besoin d’aller aux urgences ?
-Ben oui … Là, il faudrait … »

Ça, c’est du vécu.
C’est arrivé cinq fois en cinq mois, l’hiver dernier.
Mon petit avait 1 an.

Si on rajoute les gastros et autres grippes inévitables dans cette période – pour mes petits comme pour moi – j’ai vécu un hiver particulièrement éprouvant.
Et cette année, je rempile.

Il est particulièrement pénible de devoir s’échapper au milieu d’une journée de cours alors que des élèves nous attendent, qu’il y a des échéances à tenir, des programmes à boucler, des notes à établir et de l’enjeu face à l’avenir.

Quand vous venez d’arriver dans un bahut qui est à presque une heure de chez vous sans qu’on vous demande votre avis, que vous faites face à des gens qui ne vous connaissent pas, et à qui vous demandez seulement – au bout de trois jours – de déplacer des cours pour emmener votre gamin chez le pneumo-pédiatre ; il y a des regards qui ne trompent pas, des bouches qui s’étirent, des yeux qui se plissent …

« Elle est pas là. »

Non, effectivement, je ne suis pas là et ça se voit.
Je ne suis pas le chef d’un rayon qui s’absente quelques heures d’un supermarché et que les clients n’auront pas remarqué, je ne suis pas l’ouvrier qui n’est pas à son poste de travail sans que personne (si ce n’est ses collègues proches) ne s’en aperçoive.
Je suis absente et ça se voit.
Les élèves le voient, les parents le savent, le disent, le répètent, se plaignent …
Ça impacte, ça bouleverse, ça provoque de l’agacement, de l’impatience, ça stresse … et ça génère parfois des critiques et des jugements.

“La prof, elle est pas là.”

Une sage-femme m’a dit une fois : « ce qu’il y a de bien avec les enfants, c’est que ça grandit. »

J’adresse ce message à tous ceux qui voudront bien le lire.

Quoiqu’il arrive, je fais mon possible pour être efficace et disponible.

En attendant, quand je suis pas là c’est qu’il y a souvent une raison et ça aussi j’aimerais que ça se voit.