Sélectionner une page

Zola est un auteur qui possède une connaissance presque scientifique de la nature humaine. Il propose – une nouvelle fois – dans ce roman des descriptions d’une précision des plus rigoureuses qui provoquent presque le malaise.

L’auteur nous expose l’intrigue haletante d’une histoire de famille singulière à la fois passionnante et insupportable. Passionnante parce que chaque personnage est construit de la plus belle des manières grâce à un point de vue interne très efficace. On est tenu en haleine par leurs projets, leurs difficultés, leurs échecs. C’est à la fois captivant, fascinant et profondément dramatique. C’est aussi insupportable parce que l’intrigue se déroule exclusivement en huis-clos, la maison des Chanteau est finalement une scène de théâtre ; ce manque d’espace physique et donc mental provoque un sentiment d’oppression, d’angoisse. L’intrigue ne se déroule qu’entre quatre murs, deux étages et une ligne d’horizon. 

Cette mer justement, constamment présente est un personnage à part entière, elle participe à l’ambiance, à la monotonie, à la vacuité des vies qui passent, qui s’affrontent et qui échouent …

La joie de vivre est un roman sur la vie, l’inconstance, l’oisiveté, la mort, l’argent, l’attachement, la raison, la morale et finalement la solitude servit par une plume d’une élégance phénoménale et un rythme ni trop rapide, ni trop lent qui prend le temps de détailler les troubles psychologiques des personnages et donc intensifie l’incommodité du lecteur.

C’est pour cela que j’aime autant les classiques (et notamment le réalisme et – ici – le naturalisme) c’est pour la qualité de l’écriture, la force des détails et la rencontre de personnages attachants ou admirablement détestables.

Zola nous propose un titre d’une ironie fantastique. La joie de vivre, c’est l’histoire d’hommes et de femmes qui avaient absolument tout pour être heureux et qui ne seront jamais assez sages pour l’être tout à fait.

Voici un ouvrage que j’ai eu beaucoup de mal à poser alors que la nuit, régulièrement, s’avançait …

Je le place définitivement dans ma liste des classiques émouvants, prenants, divertissants et foncièrement dépourvus d’ennui. A découvrir avec émotion et plaisir.