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L’auteur nous propose une confession, un partage, une impression, une profonde désillusion de la vie, celle-ci étant dépourvue d’espoir et résolument négative.

Musset nous donne à voir une jeunesse désabusée, il dresse le portrait du héros romantique dès le début de l’ouvrage. Il montre cette jeunesse déçue d’avance qui se doit de grandir sur les ruines de l’absolutisme tout en se construisant un espoir solide en l’avenir.

Le héros romantique est à la base un personnage que je n’apprécie pas. Je le trouve inconstant, agaçant, immature mais ce que j’apprécie chez Octave c’est qu’il le sait, il est conscient de faillir, de se faire souffrir et il assume et analyse son état avec beaucoup de lucidité.

Mais pourquoi aimer est-il aussi tragique ?
Quand notre protagoniste parvient à trouver le repos dans son âme c’est alors qu’un nouveau tourment vient le violenter.
Pourquoi alors la littérature traite-t-elle autant de l’amour et de ses désespoirs ?
Julien Sorel dans Le rouge et le noir, Frédéric Moreau dans l’Education Sentimentale, Octave dans La Confession sont autant de personnages confrontés à leurs effroyables sentiments.
L’amour est donc – à mon sens – le sentiment idéal pour construire autour de lui des intrigues redoutables et faire ressentir à ses personnages les plus tortueux tourments, les sentiments les plus positifs comme les plus violents, le personnage principal de toutes ces œuvres n’est ce pas lui en fin de compte … l’Amour.

« Ange éternel des nuits heureuses, qui racontera ton silence ? Ô baiser, mystérieux breuvage que les lèvres se versent comme des coupes altérées ! ivresse des sens, ô volupté ! oui comme Dieu tu es immortelle ! »

Le héros romantique n’a pas confiance en lui, il vit dans la peur de la solitude, il est confronté à ses angoisses. Il recherche dans l’amour ce qui lui manque inexorablement. La femme devient alors l’objet de ses supplices, exacerbant ses manques. Il éprouve la jalousie comme une torture, la douleur d’aimer comme une expérience à la fois terriblement indispensable et mortifère.

On suit alors ses élucubrations psychologiques à longueur de pages, ses allers et retours mentaux, son insupportable inconstance dans ces choix à la recherche de cette sagesse qui viendra enfin étancher sa soif de repos que finalement il ne trouve jamais.

Alfred de Musset nous propose une introspection et certaines parties de son œuvre sont consacrées justement à ces échanges de pensées, à ses réflexions sur le monde, sur l’histoire et finalement sur sa vie.

L’auteur nous livre une œuvre confession mais aussi poétique. Quelle plume ! Quelle prose ! Et il n’avait que 26 ans …

« Nous marchions en silence ; le vent s’apaisait ; les arbres frémissaient doucement en secouant la pluie sur leurs rameaux. Quelques éclairs lointains brillaient encore ; un parfum de verdure humide s’élevait dans l’air attiédi. Le ciel redevient bientôt pur, et la lune éclaira la montagne. »

« J’avoue que ces existences à part, qui sont comme enfouies ça et là dans les villes, sous des milliers de toits ignorés, m‘ont toujours effrayé comme des espèces de citernes dormantes ; l’air ne m’y semble pas viable ; dans tout ce qui est oubli sur la terre, il y a un peu de la mort. »

Un chef d’œuvre du romantisme, assurément, et qui en a tous les codes … !