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J’ai relu La princesse de Clèves et j’ai apprécié !

Très honnêtement, je ne comprends pas trop ce que l’on reproche à cet ouvrage …

Certes c’est écrit dans une langue extrêmement soignée, voluptueuse, dense, d’une élégance rare, un style qui peut sembler prétentieux, ampoulé, guindé et par conséquent compliqué et fastidieux, certes, mais l’intrigue proposée par Mme de la Fayette n’a rien d’ennuyeux ou d’assommant à mon sens comparée par exemple aux liaisons dangereuses de Laclos bien plus longues ou encore à l’Education sentimentale de Flaubert que j’ai trouvé interminable … (J’ai un gros problème avec le héros romantique … Déso ….)

Alors effectivement, pendant de longues pages Mme de la Fayette fait se croiser ses protagonistes sans les faire se voir, ni se parler, elle met en place un quiproquo qui aura raison de cet amour compliqué, ainsi elle propose un effet d’attente qui peut sembler interminable ; mais n’est-ce pas l’enjeu finalement de toutes histoires d’amour d’attiser les passions au maximum pour enfin les faire se dévoiler lors d’une ultime rencontre pendant laquelle les amants vont avoir enfin l’occasion de tout se dire ?? N’est-ce pas l’outil narratif qu’utilise Zola dans Au bonheur des Dames quand (SPOIL alert !!) dans la dernière page, Denise et Octave Mouret s’avouent enfin leur amour ?

Par ailleurs, Mme de Clèves – l’anti marquise de Merteuil – fait le choix de consacrer – sacrifier – sa vie pour respecter ses engagements envers son mari. On peut le regretter mais il s’agit de la décision d’un personnage de son époque qui s’adresse finalement aux lecteurs de son époque et cela peut effectivement rebuter de part l’absence de liberté que s’impose la protagoniste.

Elle a été pour moi un personnage attachant que je ne trouve pas agaçante ou lassante à l’image d’un héros romantique – même si elle surjoue beaucoup, beaucoup ! le fait de ne pas se sentir bien pour éviter à tout prix de devoir fréquenter le regard des autres.

Elle se doit de suivre les codes de la société dans laquelle elle évolue – et qu’elle désapprouve – sans y parvenir tellement la pression sociale est forte, la fameuse « bienséance » … Je l’ai trouvée solide, dure avec elle même, forte de pouvoir renoncer à une passion brûlante, forte d’avoir su dire non.

La princesse de Clèves, c’est finalement l’histoire d’une jeune femme trop sage pour se laisser le droit d’être complètement libre. Ceci dit, en renonçant à l’amour ultime, ne garde-t-elle pas en elle cet incroyable pouvoir de liberté ?