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Je ne sais pas ce que j’ai fait, ce que ma profession a fait, à mon pays, à la société pour que mon métier soit aussi méprisé …

Nous avons tous eu, dans notre scolarité, des professeurs tyranniques, méprisants, malveillants, culpabilisants …
Tous.
Moi même, qui suis enseignante aujourd’hui, je traîne mon flot de douleurs et d’échecs scolaires (cela fera d’ailleurs, peut être, l’objet d’un autre article un jour …)
On connaît tous, aujourd’hui – dans nos amis ou dans les classes de nos enfants – un prof dépassé, fatigué, usé, maladroit, excédé …
Est-ce une raison pour mépriser toute une profession ?

Je bénéficie (ou je profite – j’emploie – j’utilise ?) toutes les six semaines d’un break de dix jours ouvrés que l’on appelle « vacances scolaires » qui me permet justement de pouvoir trouver un peu de répit … pour travailler.
Eh oui … enfin libérée du flot continu de cours, conseils de classe, réunions parents-profs qui s’enchaînent à un rythme effréné – surtout en fin de période – les “vacances” scolaires permettent de s’enfermer dans son bureau – enfin au calme – pour … travailler, préparer, se mettre à jour dans ses corrections, se projeter, trouver l’énergie de se rendre de nouveau disponible …
Souvent jalousés, incompris, ces breaks sont très très rarement des temps de repos complet.
Par ailleurs, au regard du nombre d’inscrits sur les concours, il me semble que les « vacances » ne soient plus – ou tout simplement pas – un argument de choix pour faire ce métier …

J’ai choisi ce métier par passion. Parce que j’aime la littérature.
Passionnément.
Depuis de longues années.
J’ai choisi ce métier parce que j’aime le public auquel je m’adresse.
J’aime mes élèves, leur univers, leur spontanéité, leur attachement, leurs progrès, leurs réflexions, j’aime rire avec eux, parler de mes lectures et eux des leurs, j’aime leur prêter des livres qu’ils ne me rendent jamais …
J’aime ce métier parce qu’il me permet de concilier agréablement la transmission de ce qui me passionne à un public que j’apprécie et que je trouve attachant dans des équipes de collègues pleines d’émulsion intellectuelle, tout en me sentant utile.
Et accessoirement, ce métier aussi me permet de remplir mon frigo toutes les semaines ; ce à quoi tout le monde aspire en fin de compte …

Je ne méprise à aucun moment le métier des autres, alors pourquoi un tel cynisme pour le mien ? Qu’avons-nous fait ? Que faisons-nous ?
Nous prenons en charge des classes de plus en plus chargées, peuplées d’élèves qui n’ont pas toujours envie d’être là mais qui doivent faire face parfois à de grandes difficultés …

En fait, j’exerce un métier. Mon métier. Comme toi, comme lui, comme elle, comme nous tous …
Soit.
Respect.