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C’est sans doute ça la force du réalisme et qui explique son formidable succès, c’est la capacité des auteurs à fouiller l’âme des personnages qu’ils créent. Nous souffrons, nous aimons, nous sommes mal à l’aise, nous sommes épris de compassion pour tous ces êtres de papier confrontés à l’insoutenable, à la culpabilité mortifère, à la douleur de l’âme.

Pierre et Jean sont deux frères. L’un hérite d’un ami de leurs parents mais pas l’autre. De là découle comme une enquête, une réflexion qui va se déployer tout au long de ce roman court mais dense.

Maupassant nous propose une intrigue rapide au rythme soutenu avec peu de personnages. Leur destin bascule à grande vitesse, le rythme mené par l’auteur ne fait qu’accentuer cette implacabilité des événements. Cela ne rend l’acceptation des faits que plus difficiles à supporter et à accepter pour les uns et les autres.

L’auteur nous propose un roman aux passages parfois profondément poétiques, les descriptions de la rade du Havre sont fort jolies. Il nous propose surtout de longs passages d’introspection assez remarquables pendant lesquels il prend le temps de détailler à son lecteur tout le mal et la dureté des pensées qui assaillent les uns et les autres. En cela Pierre et Jean est à la fois un roman réaliste mais aussi psychologique dans lequel les actes des uns peuvent devenir des instruments de torture psychique qui poussent l’humain dans ses retranchements.

Pierre et Jean est un classique facile d’accès, abordable et passionnant. Cétait pour moi une troisième lecture qui me provoque toujours autant de plaisir et d’émotions.