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Ce livre renferme le portrait de quatre femmes à la recherche d’un équilibre dans leur vie intime entre sexualité épanouie et sentiments sincères. Ne pensez pas qu’il s’agit là d’un galimatias de plaintes de bonnes femmes capricieuses et insatisfaites, non pas du tout, c’est l’histoire d’un groupe d’êtres humains situés à une période charnière de leur vie, comme cela peut arriver à tout le monde, où il convient de continuer d’exister pour ne pas s’oublier.

Les personnages se confrontent beaucoup à l’image qu’ils renvoient d’eux mêmes mais surtout à ce que la société leur impose d’être : ces femmes mènent de front leurs vies professionnelles, maternelles, personnelles, sexuelles tout en se devant d’être soignées, souriantes et disponibles et en cela je trouve que Monsieur a la migraine est féministe. Pas forcément profondément engagé mais féministe dans le sens où Valérie Cohen nous propose des portraits de femmes qui s’assument, qui prennent leur vie en main et font face à leurs difficultés avec courage et volonté en tentant de se détacher des pressions sociétales.

Le style proposé par l’auteur est soigné tout en restant accessible. La métaphore est employée à très bon escient et sert le texte avec efficacité. La lecture est aisée et agréable.

Cet ouvrage interroge aussi la place de la parole, les femmes que l’on suit vont devoir parler, se dévoiler, faire part de leurs faiblesses, elles vont devoir assumer face aux autres leurs envies, leurs désirs et l’auteur soulève là une question non négligeable : peut-on en tant que femme assumer d’avoir envie d’une vie intime époustouflante, ébouriffante, jouissive sans passer pour une S*** !? Ce livre a le mérite de poser la question sans la rendre taboue ou vulgaire et c’est sans doute ce qui fait sa plus grande force.

J’ai trouvé Monsieur a la migraine assez engagé, en tout cas plus qu’il n’en a l’air au premier abord, il offre plusieurs degrés de lecture et soulève des questions qui méritent qu’on s’y attarde … Pour moi, c’est une découverte singulière.