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Il est difficile de parler de cette oeuvre magistrale et je n’aurai sans doute pas le talent de m’exprimer sur ce roman comme il faudrait le faire tellement il est fécond. Il y aurait beaucoup à dire !

Quelle histoire que celle d’Emma ! Ce roman pourrait se résumer ainsi : C’est l’histoire d’une femme dépressive à en mourir. Mais Flaubert fait de cette héroïne un personnage fascinant qui nous livre grâce au point de vue interne fort présent ses états d’âme, ses colères, ses folies, son désarroi. C’est ça le plus marquant dans cet ouvrage et qui fait que l’on s’y accroche, c’est la qualité des sentiments des personnages qui en fait transpirer le réalisme. C’est divinement bien écrit.

Emma est mariée à un homme qu’elle juge médiocre et qu’elle n’aime pas, Flaubert prend soin donc de le mettre dans des situations humiliantes : il tousse en voulant fumer un cigare, il échoue en voulant redresser un pied-bot et risque l’humiliation publique … on s’en émeut, on prend pitié ; jusqu’au bout. Charles  “entrait son bras dans des lits humides”, “écoutait des râles”, “examinait des cuvettes” mais quel homme abject pour Emma ! Il en est à nos yeux que plus touchant.

Flaubert nous propose des personnages profondément humains épris de sentiments véritables, on se prend au jeu de suivre ces protagonistes dans leurs souffrances et leurs peines. Ces dernières nous parviennent grâce à des métaphores qui, tout au long du texte, nous donne à voir l’esprit de ces êtres profonds : “et le chagrin s’engouffrait dans son âme avec des hurlements doux, comme fait le vent  d’hiver dans les châteaux abandonnés”

On comprend alors qu’à l’époque ce roman ait pu choquer, certains passages nous paraissent clairement érotiques : “et la tête en arrière, les lèvres avancées, le cou tendu, elle riait de ne rien sentir, tandis que le bout de la langue, passant entre ses dents fines, léchait à petits coups le fond du verre.”  “Alors une mollesse la saisit […] ce geste qu’elle fit en se cambrant sur sa chaise […]”. Aussi, Emma existe réellement dans l’adultère, elle s’embellit et s’y épanouie – certes pour peu de temps et à quel prix ! – Cette particularité a profondément choqué si bien que des passages entiers du livre ont été interdits.

L’édition GF, en plus de proposer une couverture fort belle, nous invite à découvrir également les actes du procès dont ce roman a fait l’objet en 1857 pour encore en prolonger la lecture, il s’agit d’un regard sur la liberté d’écrire qui fait plus que jamais écho aujourd’hui.

Pour moi, un roman résolument réaliste que j’ai pris beaucoup beaucoup de plaisir à relire !