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Ying Chen raconte avec précision et pertinence la relation toxique qui peut exister entre une mère et sa fille. Une emprise telle, qu’elle ne peut se terminer autrement que par un acte fatal, ultime, sans détour et tellement compréhensible quand on y a été un tant soit peu confronté …

L’auteur évoque les tiraillements de la protagoniste qui souhaite grandir, s’émanciper, devenir femme mais qui n’en a pas le droit. C’est l’histoire d’une enfant, d’une “fille de sa mère” qui doit surtout le rester. On ressent la culpabilité de cette jeune fille qui ose soudain dire non, on ressent à quel point cela lui est difficile, à quel point elle se sent ingrate. Elle doit faire face au poids de la famille, de la société, des traditions, du regard que ses proches lui lancent dès qu’elle ose juste faire un pas en dehors des limites qui lui sont imposées.

“Chez nous les jugements de maman équivalaient à des décisions” Que c’est juste, c’est tellement ça ! Qui n’a jamais eu peur de décevoir ses parents en faisant le choix qui n’était pas le leur ? Qui s’est déjà senti coupable d’aimer l’inappréciable au point – à terme – d’être incapable de prendre une décision personnelle ? Qui sait ce que c’est de ne pas avoir le droit d’aimer ?

Ça sent tellement le vécu ! L’auteur sait tellement de quoi elle parle ! La psychologie traitée dans ce roman est d’une justesse rare pour ceux qui ont expérimenté en tant qu’enfant de telles situations d’emprise et de soumission …
L’ingratitude est un roman d’amour impossible, car celui-ci ne s’achète pas, ne s’impose pas, ne se construit pas sur de la culpabilité, du calcul, de la manipulation, du contrôle, jamais !
Non, l’amour ne va pas de soi, même entre un parent et son enfant.
Aimer c’est laisser libre.