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Françoise Seigneur dénonce les défauts humains dans des petits contes qui veulent inciter à réfléchir, à se questionner. Lisant très régulièrement de la littérature de jeunesse, je suis assez friande de ces récits réflexifs.

L’auteur fait régulièrement parler des animaux ou des légumes et en profite pour nous faire passer des messages que j’ai souvent malheureusement trouvés moralisateurs (pourtant j’aime beaucoup les fables !) : manger les animaux, c’est mal ; polluer, c’est pas bien. « Maman est végétalienne, elle aime trop les animaux pour les manger », regardez comme elle a raison ! La nature est vivante, il faut la protéger contre les humains super méchants. J’ai l’impression que l’auteur, par l’intermédiaire de ce qu’elle nous raconte cherche à nous faire réfléchir – certes – mais réussit surtout à nous culpabiliser.

Alors, attention ! Je suis d’accord ! N’allez pas comprendre ce que je n’ai pas écrit ! Manger des animaux c’est pas bien et polluer non plus ! Et je ne trouve pas ça idiot du tout de serrer un arbre dans ses bras ! Et je suis par ailleurs profondément convaincue que la différence est une intarissable source de richesse et que l’on a encore énormément de progrès à faire dans la protection de l’environnement. Qui n’est pas d’accord avec ça ? La seule chose que je relève ici c’est la « leçon au lecteur » à peine subtile et franchement culpabilisante que l’auteur nous fait à chaque histoire et ça m’a profondément agacée.

Les personnages, avec beaucoup de naïveté, revendiquent leurs origines, assument leurs choix ou alors font preuve d’un orgueil démesuré ou d’une prétention farouche ou encore d’une intolérance à l’autre, face à d’autres qui à l’image d’enfants dans une cour d’école se chamaillent. Mais comme tout le monde arrive à progresser dans le meilleur des mondes et à une vitesse fulgurante, les histoires se finissent toujours bien : « Quand on est mauvais, le mal nous retombe toujours dessus », « Apprenons à nous aimer parce que nous avons tous quelque chose de beau en nous. » Les bons sont récompensés, les méchants sont punis ce qui rend l’ensemble très (trop ?) manichéen.

Les situations débordent pour la plupart de bons sentiments : « Offrons nos services » « Soyons gentils, aimables, souriants » « C’est trop bien d’être des gentils » C’est bien, c’est beau, mais j’ai trouvé ça tellement (trop ! ) candide, naïf et crédule surtout.

Les personnages (et les situations) sont très clichés. Les mamans cuisinent, font des bouquets de fleurs, s’occupent des enfants, prennent soin de leur intérieur et aiment ça pendant que les hommes lisent leur journal ou sortent à la fnac (ça, honnêtement, ça m’a fait bondir ! Surtout dans un ouvrage destiné aux enfants !! Défonce les préjugés sexistes après ça … :p). Tout le monde est heureux – tant mieux, une fois de plus, c’est bien, c’est beau – mais est-ce vraiment crédible ? J’ai trouvé ces tableaux trop idylliques et finalement très très mièvres.

Non, vraiment, ces petits contes ne sont pas parvenus à me toucher comme tant d’autres ouvrages de littérature de jeunesse, il m’aurait fallu davantage de hauteur, de maturité, de subtilité, de distance, même pour un livre destiné aux enfants.