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Aujourd’hui je vais vous parler de l’un des coups de coeur de ma vie.

Euh … Oui, Cyrano, pour moi, c’est ça.

Etudié en 4è, adoré ; relu des années après et adulé. C’est La pièce qui m’a fait aimer la littérature, la vraie, celle pour laquelle on se perd pendant des heures dans des bibliothèques silencieuses et profondément studieuses. La littérature que l’on lit, que l’on étudie, que l’on décortique un crayon à la main, que l’on aime pour la vie et à laquelle on consacre son métier au quotidien dans l’espoir de voir à notre tour germer les graines que l’on sème …

Cyrano, c’est une histoire d’amour, pas de celles dont la futilité parsème les pages, non, Cyrano c’est une histoire d’amour qui vénère le beau langage, cette pièce est une ode à la Langue Française :

“Un baiser mais à tout prendre, qu’est-ce ? […]

Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ;

C’est un secret qui prend la bouche pour oreille, […]

Une communion ayant un goût de fleur,

Une façon d’un peu se respirer le coeur,

Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme”

Roxane aime la beauté de Christian mais le Verbe de Cyrano, toute sa vie elle va aimer sans le savoir cet homme invisible et inexistant. Les deux hommes habités de sentiments véritables vont jouer ce double “je” au fil des pages, nous servant une intrigue fascinante et singulière. Qu’est ce que la beauté d’un visage face à la finesse d’un esprit ?

“Regarde-moi, mon cher, et dis quelle espérance

Pourrait bien me laisser cette protubérance ?”

Cyrano est en fait cet homme que l’on serait amené à rencontrer dans nos vies, affreux, certes mais brillant, flamboyant en un mot remarquable. Serait-il alors possible de l’aimer ? Oui, j’en suis persuadée.

Edmond Rostand mêle avec talent le grotesque représenté par le nez de Cyrano et le sublime par son esprit et son langage. Le dramaturge nous propose une pièce très Hugolienne en somme, très “XIXè”, il s’agit finalement d’une pièce aboutie et donc passionnante !

Chaque lecteur peut s’identifier dans les personnages que nous propose Rostand, qui n’a jamais espéré un jour pouvoir moucher un prétentieux ou un outrecuidant à l’aide de quelques vers bien tournés …? Qui n’a jamais voulu être Cyrano ?

“A la fin de l’envoi, je touche !”

Je vous laisse découvrir cette pièce qui mêle romance, aventure et plaisir de la langue ; pour moi, l’une des plus belles pièces de la Littérature Française, assurément.